Déconfinement et méfiance.
Curieusement alors que les modalités du déconfinement et que les méfiances à leur égard s’expriment, les questions du doute et du questionnement s’invitent à la réflexion des croyants. Les textes prévus par la liturgie pour ces dimanches d’après Pâques nous renvoient vers Thomas « qui ne croit que ce qu’il voit » comme on dit… Thomas est un de ces sceptiques à qui on ne la fait pas, qui en a vu d’autres et qui pour être convaincu demande de solides raisons. Le doute est un sujet tabou dans l’Église qui a pour doctrine d’être un peu… crédule et arrangeante. Dans son discours, douter est presque un gros-mot et on n’aborde le sujet qu’avec d’infinies précautions. C’est mal considérer le sujet, car nombre de nos contemporains sont des sceptiques, douteurs de l’existence de Dieu, de la résurrection de Jésus ou de sa gouvernance du monde. En n’abordant pas la question de ces doutes légitimes nous nous privons d’échanges riches et stimulants avec ceux qui n’ont pas la foi. L’histoire de la rencontre de Thomas le sceptique avec Jésus le ressuscité nous réconcilie avec ce doute qui nous habite tous et toutes. Le grand théologien Frederick Buechner le résumait ainsi : « Que l’on croie en Dieu ou qu’on n’y croie pas, si on n’a aucun doute sur ce que nous croyons nous nous trompons nous-mêmes. Les doutes gardent l’esprit vivant et éveillé. » Il semble que douter et croire soient les deux faces d’une même pièce ; l’histoire de Thomas le racontera à la façon exquise propre à l’Évangile. Thomas interpelle nos propres hésitations sur ce qu’il convient de croire, à la fin de l’histoire on comprend que paradoxalement douter permet de mieux croire.