Covid-19

Cette nouvelle catégorie était à l’origine destinée aux animateurs et personnel d’EMS qui, confinement oblige, se retrouvent à assumer des activités dites « spirituelles » comme l’assistance spirituelle en fin de vie ou les célébrations régulières. J’ai donc commencé par un choix de textes liturgiques comprenant des prières, méditations et célébrations « clefs en main ». Vous trouverez deux propositions de célébrations: la première convient pour jeudi ou Vendredi Saint et la deuxième est pour le dimanche de Pâques. Cette sorte d’aumônerie point zéro s’organisant peu à peu dans les étages s’y sont rajoutés des liens vers des services mis en place par les Eglises Catholiques et Réformés du canton. Une hot-line dédiée à l’appui du personnel soignant confronté à la recrudescence des décès en EMS est ouverte, le numéro figure en bas de page. Vous trouverez également un lien vers un site de méditations et textes liturgiques qui sera alimenté de semaine en semaine. 

Sur mon écran Télé-travail d’un coté et blogosphère de l’autre, des discussions que j’ai trouvé stimulantes ont commencé à squatter ma page, j’ai donc rajouté une section que — fidèle à moi-même — j’ai intitulée: Questions qui fâchent. 

 Au fil des semaines d’autres ressources seront ajoutées à cette sorte de boîte à outils pour faire tant faire se peut, face à la situation. Je vous invite à venir y trouver chaque semaine une réflexion, un texte, une méditation que j’ai pêché ici ou là et qui me parlent, j’espère qu’elles vous seront aussi utiles.   

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Culte du vendredi saint 2020

Source : Magnificat

Petit moment musical

Bienvenue

Hymne :

La nuit qu’il fut livré, le Seigneur prit du pain, en signe de sa mort, le rompit de sa main. « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne afin de racheter tous mes frères humains. » Après qu’il eut soupé pour la dernière fois, il s’offrit comme victime au pressoir de la croix :

« Mon sang, versé pour vous, est celui de l’Alliance « Amis, faites ceci en mémoire de moi. » Jésus ressuscité, ton Église t’acclame, tu es passé du monde à la gloire sans fin ! Tu viens revivre en nous ton mystère pascal, éteins en notre chair le foyer de tout mal. Nous sommes tes sarments, toi l’envoyé du père, fais-nous porter du fruit pour le jour triomphal.

Petit moment musical

Béatitudes

Heureux les pauvres en esprit, le royaume des Cieux est à eux !

Heureux les affligés, ils seront consolés !

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés !

Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde !

Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu !

Heureux les pacifiques, ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le royaume des Cieux est à eux !

Petit moment de musique

Intercession

Avec Jésus, le premier-né d’entre les morts nous disons :

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,

Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles,

Amen!

Chant : A toi la gloire (318)

Célébration du dimanche de Pâques 2020

Source : Magnificat

Petit moment musical

Bienvenue

Prière :

Aujourd’hui, Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle et nous fêtons la résurrection. Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit.

Strophe 1 de A toi la gloire

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 20, 1-9

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

Méditation

Pâques est le jour de victoire de la vie sur la mort. La mort de Jésus avait plongé ses amis dans l’abîme de la souffrance, les conduisant jusqu’à douter de Dieu. Mais Dieu ne laisse pas la mort avoir le dernier mot. La résurrection de Jésus a placé la mort à sa juste place : un passage. La mort n’est plus ce qui nous menace, elle est un chemin que Dieu traverse pour nous faire passer, avec lui, de la mort à la vie.

Et cela se déroule le premier jour de la semaine. La victoire de Pâques place l’humanité du côté des commencements. Nous ne sommes plus installés, scotchés et enchaînés. Nous sommes libérés, appelés et vivants. Chaque jour peut être le premier jour. La foi chrétienne invite à faire de la vie un commencement. Chaque jour devient un jour qui naît et qui fait naître à la vie et à la foi.

Car Pâques est le jour de victoire de la foi sur le doute. Pierre et Jean entrent dans le tombeau. Il est vide. Jean voit et il croit. Il voit quoi ? Du vide. Et que croit-il ? Que Jésus est vivant ! Jean est notre frère aîné dans la foi. Parfois, nous ne verrons que du vide et, comme Jean, nous pourrons croire. La foi chrétienne est une foi de l’adhésion personnelle qui engage une relation. Le Dieu des chrétiens ne s’apprend pas, il se découvre. Le grand symbole pour notre foi n’est pas à chercher au terme d’une enquête, il est là, à portée de cœur. Ouvrons les yeux, nous cherchons des preuves, nous n’aurons que des signes. Et ces signes, c’est ce que nous sommes les uns pour les autres. Pâques, c’est la victoire du témoignage.

Père Didier Noblot

Prière :

En ce jour de fête où Jésus ressuscité apporte grâce et joie au monde entier, présentons au Père les intentions de prière de tous les hommes.

Prions pour ceux qui se savent pardonnés et pour ceux qui ne connaissent pas cette joie.

Prions pour ceux qui souffrent dans leur cœur et dans leur corps, et s’appuient sur l’espérance de Pâques.

Prions pour les chrétiens persécutés qui ne peuvent célébrer Pâques sans risque.

Prions pour nous-mêmes qui célébrons la joie pascale et pour ceux qui n’ont pu nous rejoindre.

Dieu qui es venu sauver tous les hommes, reçois nos prières et accorde-nous de connaître avec tous nos frères la joie de la résurrection bienheureuse. Par Jésus, le Christ Amen.

Strophes 2 et 3 de A toi la gloire

Fin de la célébration

Prières

J’ai tout remis entre tes mains

J’ai tout remis entre tes mains : ce qui m’accable et qui me peine, ce qui m’angoisse et qui me gêne, et le souci du lendemain. J’ai tout remis entre tes mains : le lourd fardeau traîné naguère, ce que je pleure, ce que j’espère, et le pourquoi de mon destin. J’ai tout remis entre tes mains. J’ai tout remis entre tes mains : que ce soit la joie, la tristesse, la pauvreté ou la richesse, et tout ce qu’à ce jour j’ai craint. J’ai tout remis entre tes mains. J’ai tout remis entre tes mains : que ce soit la mort ou la vie, la santé ou la maladie, le commencement ou la fin. J’ai tout remis entre tes mains. Amen

Marie Henrioud

Prière pour les soignants

 Seigneur merci d’avoir semé dans le coeur de certains le don, le talent et la force de prendre soin, ce désir étonnant de remettre debout ceux que la maladie avait mis à genoux. De celui qui nettoie à celle qui opère de celle qui rassure à celui qui transfère tu as placé dans le coeur des soignants un trésor plus précieux que l’or et l’argent. Mon Dieu bénis ceux qui jour après jour affrontent la souffrance avec tant de bravoure, maudis les puissants qui depuis des années sur l’autel de l’argent les ont tous sacrifié. Donne à nos soignants la force de tenir contre cette épidémie dont nous craignons le pire, donne à chacun de nous d’agir avec raison pour ne pas rendre impossible leur mission. Que cette épreuve soit une prise de conscience que leurs cris d’hier étaient pleins de bon sens, chacun d’eux est pour nous un exemple. Et demain nous chasserons les marchands du temple.

Mission Ouvrière du diocèse de Lille 

L’heure avance

L’heure s’avance ; fais-nous grâce,
Toi dont le jour n’a pas de fin.
Reste avec nous quand tout s’efface,
Dieu des lumières sans déclin.
Tu sais toi-même où sont nos peines,
Porte au Royaume nos travaux.
Sans toi, notre œuvre serait vaine :
Viens préparer les temps nouveaux.
Comme un veilleur attend l’aurore,
Nous appelons le jour promis.
Mais si la nuit demeure encore,
Tiens-nous déjà pour tes amis.

Dieu qui sans cesse nous enfantes,
À toi ces quelques paroles du jour
L’Esprit du Christ en nous les chante
Et les confie à ton amour.

Que se passet-il Seigneur ?

Que se passe-t-il Seigneur ? Les rues sont désertes les bus presque vides pour sortir de chez moi il me faut présenter une attestation et dans la rue nous nous tenons à distance les uns des autres.

 Que se passe-t-il Seigneur ? Qu’il est difficile de rester chez soi confiné pour ne pas nous contaminer les uns les autres.

Invisible l’ennemi est d’autant plus menaçant.  Que se passe-t-il seigneur ? Les bises chaleureuses, les poignées de main, la cohue du marché me manquent. Donne-moi d’être créatif seigneur rend moi attentif à ceux qui souffrent plus que moi de la solitude.

Un coup de fil, un mail, un sourire, des bravos aux fenêtres, tous ces gestes d’amitié et de solidarité a temps de prix à tes yeux !

Père Thibault Van Den Driessche

Que vienne l’esprit

Quand en nous l’Esprit sera force et lumière, quand il sera tendresse et compassion. Quand de notre amour il fera un feu ardent, quand de nos peurs il fera craquer les chaînes alors en nous et autour de nous tout pourra se renouveler, notre esprit, notre cœur, nos amours, et viendra le printemps. Alors qu’il vienne ! Oui qu’il vienne l’Esprit 

Seigneur des saisons

Béni sois tu Seigneur des saisons et des rythmes, Seigneur du commencement et de la fin.  Seigneur de la jeunesse et de la vieillesse de la force de l’âge et de l’âge déclinant. Seigneur du temps qui fuit et de l’instant immobile, Seigneur des siècles, toi que l’on dit éternel, béni sois tu. 

Merci Seigneur pour ce qui lutte 

Merci Seigneur pour ce qui lutte et qui se bat, merci pour le partage, merci pour la justice Merci pour ceux qui cherchent inlassablement l’issue de leur combat incertain. Seigneur de la vie, Seigneur de l’amour, Seigneur de l’infinie tendresse et du pardon généreux nous te rendons grâce pour les siècles des siècles. 

Un court instant

Seigneur un court instant je me réfugie auprès de toi, de ton berceau jusqu’à la croix.  Les bras ouverts en un geste d’accueil tu me murmures à l’oreille :  « Viens à moi toi qui peines sous le poids du fardeau et moi je te procurerai le repos » 

 

Il est des temps

Il est des temps où l’on aimerait retenir le temps.

Quelqu’un s’en va. 

Une part de notre histoire un morceau de notre cœur. 

Le timbre de sa voix son regard le sourire qui illuminait son visage. 

Des traces de vie gravées à tout jamais dans notre mémoire. 

Il est des moments où l’on aimerait retenir le temps. Quelqu’un s’en va. 

Une parole un geste. Une prière. Des larmes. 

Rester présent dans le silence. 

Les évènements les joies, les difficultés, les sentiments partagés, tout remonte à la surface. 

Rien ne pourra le remplacer parce que c’était lui. 

Rien ne pourra l’effacer parce que c’était elle. 

Il est des moments où l’on aimerait retenir le temps. Quelqu’un s’en va. 

On voudrait s’accrocher et il faut bien laisser partir. 

Plus tard, peut-être, pas après pas. 

Dans la douleur l’absence et la mémoire d’une présence.  Au nom de l’amour et de la confiance, au nom de ce qui nous a été donné et transmis, 

On attachera une nouvelle parcelle de vie au fil du temps

Christophe Reymond 

Avant la fin de la lumière

Avant la fin de la lumière,

Nous te prions, Dieu créateur,

Pour que, fidèle à ta bonté,

Tu nous protèges, tu nous gardes.

Que loin de nous s’enfuient les songes,

Et les angoisses de la nuit.

Préserve-nous de l’ennemi :

Que ton amour sans fin nous garde.

Exauce-nous, Dieu notre Père,

Par Jésus Christ, notre Seigneur,

Dans l’unité du Saint-Esprit,

Régnant sans fin dans tous les siècles.

Nul hiver ne désespère

Nul hiver ne désespère qu’un printemps nouveau renaisse.

Ainsi l’homme en sa misère qui attend que Dieu se dresse.

Ce qui meurt en notre vie, Dieu lui offre sa tendresse.

Nulle nuit ne s’éternise sans qu’un jour ne la remplace.

Ainsi tous ceux qui espèrent une humanité nouvelle.

Les ténèbres de nos vies, Dieu comme un soleil les chasse.

Nulle vague ne s’étale sans qu’une autre ne la suive.

Ainsi l’être à qui Dieu parle sera sûr des sources vives.

L’océan de notre vie, Dieu le pousse vers sa rive.

Nulle branche ne s’effeuille sans l’espoir d’une autre sève.

Ainsi celui qui accueille l’espérance que Dieu lève.

Dans le désert de nos vies, Dieu nous prend et nous relève.

Chrétiens en prière Carême et semaine sainte – CD Magnificat – l’AELF, G211 @ Fleurus, Texte C. Duchesneau

 

Communiqué Accompagnement en ligne des Eglises

Assistance fin de vie déployée dès ce vendredi 3 avril

Avec l’Etat, les autorités des deux Eglises, conscients que le nombre de décès dû au coronavirus pourrait augmenter, nous avons décidé d’offrir une permanence téléphonique pour soutenir les personnes impactées par ces fins de vie : le personnel soignant dans les CMS, les équipes mobiles de soins palliatifs extrahospitalières, des proches aidants et le personnel soignant dans les EMS. Ainsi, il s’agit avec cette ligne de permettre que dans tous les EMS, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, une personne concernée par une fin de vie puisse être soutenue si elle le souhaite et le demande. Une ligne téléphonique d’assistance est donc mise en place avec le soutien des pasteurs, des diacres, des prêtres et des aumôniers pour être présents auprès du personnel soignant à domicile et dans les EMS ainsi que répondre à des demandes de personnes en fin de vie, n’ayant pas la possibilité d’être accompagnées. Tél. 021 / 683 00 30.

Cultebox

La nouvelle cultebox est en ligne ; conviviale, pratique, évolutive et riche en contenus.  Des cultes « clé en main » et des cultes complets sont mis en ligne régulièrement. Pour la montée vers Pâques seront proposés : un culte pour le Vendredi Saint, une liturgie de la résurrection et d’autres choses encore. Service vie communautaire et cultuelle – https://cultebox.ch/
 
Calendrier spirituel
Un calendrier spirituel en ligne pour un temps à vivre au quotidien. Pour les familleS, chacun et chacune, quel que soit son âge. Contient : des vidéos, des textes bibliques, des prières, des activités créatrices, ludiques ou spirituelles. Service formation et accompagnement – https://calspi.wordpress.com/

 

Les questions qui fâchent

Depuis le début de cette crise du Covid-19 les informations contradictoires se sont succédées. De grippette on est passé à des confinements et contrôles martiaux. Faut il tester tout le monde, échelonner le déconfinement et comment, fabriquer nos propres masques avec nos vieilles chemises ?  Tout ceci donne l’impression d’un grand cafouillage à mesure que le décompte des morts augmente. Les morts justement ou plutôt les mourants: faut il les laisser s’en aller seuls par souci sanitaire ou n’y a t-il pas lieu de faire une différence entre l’apéro entre amis et les derniers instants de la vie qui dans toutes les cultures du monde sont le lieu du devoir filial envers le mourant ?  Dans les prises de décisions il faut bien reconnaître que nos choix sont rarement évidents et exempts de conséquences négatives quelques soient les options. Il s’agit le plus souvent de faire le moins mauvais choix, de choisir le moindre mal.

Jusqu’où se soumettre à un impératif sanitaire qui est sujet à des informations fluctuantes au fil des semaines ? C’est la question qu’aborde B. Rodenstein.

Deux frères sont venu me voir cette semaine, aprés avoir perdu leur maman du coronavirus, nous avons parlé de ce qu’ils ont vécu,  organisé la suite et prié.  Ils étaient reconnaissants d’avoir été capables de venir visiter leur maman dans son EMS pour un dernier adieu. Ils m’ont aussi raconté leur douleur de ne pouvoir ni embrasser ni prendre dans leur bras cette maman mourante. On comprend bien que les soignants appliquent les procédures de distanciation jusqu’au bout pour éviter les contaminations… mais justement c’est dans ce genre de pesée d’intêrets que la réflexion éthique sur les choix cornéliens que nous devons opérer prend tout son sens.

Bernard Rodenstein administrateur du groupe FB « Protestantisme Libéral » ouvre ce débat avec son post de ce matin intitulé: 

« Laisser mourir les siens dans la plus grande des solitudes !!!

C’est avec son accord que je le diffuse ici:

 « Les raisons médicales qui justifient l’isolement des personnes hospitalisées ou confiées à des établissements spécialisés, dès lors qu’elles ont contracté le covid 19 ou pour les empêcher d’être contaminées, sont aisément compréhensibles.
Les savoir condamnées, ces personnes proches, et ne pas pouvoir les accompagner est néanmoins un drame épouvantable.
Humainement parlant, je ne peux imaginer pire fin de vie .
Qu’aurait été l’agonie de maman si, en plus de se sentir partir, elle avait été seule dans ce moment particulièrement anxiogène ? Tout un/e chacun/e est irrémédiablement seul/e à affronter sa mort . Mais il suffit d’avoir, jusqu’au bout , tenu la main ou caressé le front de l’être cher qui perd sa vie, pour savoir combien la communion demeure intense , forte, jusqu’au dernier souffle . Qu’aurait été la souffrance de grand papa , de grand maman , de Jeannette , de tant d’autres , s’ils n’avaient pas ressenti sur leur chemin de croix , la présence pleine d’amour de proches qui les ont choyés jusqu’à leur mort ? Comment aurions nous pu faire notre deuil en ayant le sentiment d’avoir été obligés de les abandonner à eux mêmes ? Il y a ceux qui partent et il y a ceux qui restent .
Ceux qui partent trouvent une certaine sérénité dans l’accompagnement que leur procurent les êtres chers. C’est indiscutable . Ceux qui restent ne peuvent pas ne pas se poser plein de questions qui vont rester sans réponse . M’a t’il, m’a t’elle appelé ? A t’il, A t’elle, attendu vainement de me voir ou de sentir la pression de mes doigts ? Pourquoi ai je raté cet ultime rendez vous ? Qui avait le droit de m’en priver ? Au nom de qui et de quoi ? Fallait il ? Ne fallait il pas braver l’interdit ? Face à la mort n’y avait il pas un devoir absolu de présence et d’assistance ? Le pouvoir médical dépasse t’il les exigences éthiques, viscérales et existentielles ? Il est à craindre que le deuil empêché ne se traduise à terme par des complications psychologiques chez beaucoup . L’arrachement que constitue le décès d’un proche est une violence faite à nos corps et à nos âmes . Nous n’en guérissons partiellement qu’en accomplissant les étapes inhérentes à tout deuil. La première d’entre elle est physique . Toucher l’autre, le sentir vivre et sentir la vie le quitter sont essentiels pour la transmission de la vie et pour la réalité de la rupture . Vient ensuite la période de l’intériorité, du souvenir , de la reconnaissance , du retissage de liens plus éthérés . Mais quand la première étape a été escamotée ??! Je ne peux m’empêcher de penser à la mort « immatérielle « de papa sur le champ de bataille qui l’a englouti . Jamais aucune trace palpable de sa mort ! Et comment on fait son deuil dans de telles circonstances ? Je plains de tout coeur celles et ceux qui , peu ou prou , vont avoir à se confronter dans le futur à des manques cruels , à la confrontation douloureuse mais aussi très salutaire avec le corps du mourant et du mort ! «

Bernard Rodenstein, administrateur du groupe FB « Protestantisme Libéral »

 

Dans un tout autre style Laurent Joffrin dans Libé de cette semaine rappelle la responsabilité — ou faut-il dire irresponsabilité ?– affligeante de groupes intégristes qu’ils soient chrétiens, musulmans ou juifs qui contribuent par aveuglement doctrinal à la propagation…

La lettre politique de Laurent Joffrin 

Dieu et le virus
Les voies du seigneur sont décidément impénétrables. La plupart de ses fidèles, tout en priant avec ardeur pour la pauvre humanité, s’en remettent sagement à l’action très séculière des autorités civiles pour les protéger de la maladie ; les autorités religieuses constituées, chrétiennes, juives ou musulmanes, appellent toutes au civisme antivirus et font manifestement plus confiance au confinement et aux «gestes barrières» qu’aux génuflexions et aux bénédictions pour combattre le fléau. Mais il faut bien dire, toute révérence gardée, que c’est parmi les croyants les plus convaincus, les plus rigoureux, qu’on trouve les alliés les plus zélés du coronavirus. Pour parler clair, l’influence des intégristes de tout poil et tout plumage sur la santé des mortels de la planète est tout bonnement catastrophique.
En France, on le sait, c’est un rassemblement évangélique de trois jours tenu dans l’est du pays, avec force embrassades, la «Porte ouverte chrétienne», qui s’est montré le plus efficace propagateur de la maladie sur le reste du territoire, quand les pèlerins illuminés par la grâce sont rentrés dans leurs pénates en portant, en plus de la bonne parole, de fortes doses de coronavirus dont ils ont comblé leurs proches et leurs voisins. La «Porte chrétienne» en question était en fait ouverte pour la maladie…
Encore ce rassemblement s’est-il déroulé au début de l’épidémie, quand la prise de conscience de la dangerosité du virus était encore faible, ce qui atténue la responsabilité des organisateurs. Mais aux Etats-Unis, d’autres sectateurs du même culte, pasteurs en tête, refusent encore aujourd’hui de se soumettre à la discipline commune et continuent de se rassembler dans leurs églises au mépris des précautions les plus élémentaires. On soupçonne même Donald Trump, quand il a annoncé que tout redeviendrait normal à Pâques, d’avoir voulu, par cette prophétie aux allures bibliques complaire à cette communauté religieuse où il trouve les plus zélés de ses partisans.
Les évangéliques, toujours… A Singapour, lit-on dans un papier de synthèse publié par les Dernières Nouvelles d’Alsace, le ministère de la Santé indique que plus de trente des tout premiers cas détectés sur l’île proviennent de deux églises évangéliques : Life Church and Missions, et Grace Assembly of God. Deux des fidèles venaient directement de Wuhan, en Chine, mais, tout à leur pieuse ferveur, ont négligé de s’isoler.
En Corée du Sud, c’est l’Eglise Shincheonji de Jésus, secte apocalyptique aux méthodes musclées, et son gourou Lee Man-hee, qui sont mis en cause. Des offices au sein de sa branche de Daegu, début février, seraient à l’origine de la propagation du virus. Mi-mars, 60% des 7 500 cas de Covid-19 sud-coréens étaient liés à la secte Shincheonji.
En Iran, les rassemblements de Qom, ville sainte, sont à l’origine d’une grande partie des contaminations. Les premiers cas ont été décelés à la mi-février mais les cérémonies collectives ont continué jusqu’à la fin du mois. L’ayatollah responsable du mausolée a refusé d’interrompre le culte en expliquant que le sanctuaire était une «maison de guérison». Un autre dignitaire iranien a déclaré au bon peuple que le virus ne pouvait pas frapper les musulmans, jusqu’à ce qu’il soit lui-même atteint par la maladie.
En Israël, le gouvernement a toutes les peines du monde à faire respecter les mesures de confinement dans les quartiers où habitent les juifs orthodoxes, qui continuent de se rendre dans les synagogues en contravention avec les règles civiles. Un chiffre a ébranlé l’opinion : la moitié des personnes hospitalisées en Israël sont issues d’une des communautés ultra-orthodoxes, alors que celles-ci comptent seulement pour 10% dans la population totale. Dans beaucoup de ces quartiers, les fidèles écoutent les consignes des rabbins et non celles des autorités. On continue de célébrer des mariages ou des enterrements en contradiction avec toutes les règles sanitaires. Comme ces croyants, souvent, ne disposent ni de la télévision, ni de la radio, ni d’Internet, le gouvernement fait diffuser ses mots d’ordre par haut-parleur. Les juifs orthodoxes sont présents aussi aux Etats-Unis. Le premier foyer virulent de la côte Est a été décelé à New Rochelle, une ville proche de New York. La majorité des personnes contaminées dans cette ville étaient liées à une communauté juive orthodoxe.
En Inde, comme le rapporte RFI, c’est à un autre rassemblement religieux, musulman celui-là, qu’on impute une grande partie des contaminations. A la mi-mars, à New Dehli, plus de 3 000 personnes ont assisté à un office du Tabligh Jamaat, une organisation de missionnaires fondamentalistes. Elles sont ensuite rentrées chez elles, transmettant le virus dans tout le pays. Quelques jours après, les autorités ont interdit tout rassemblement, mais les responsables du groupe ont poursuivi leurs activités en soutenant qu’Allah les protégeait. Aujourd’hui, plus de 10% des cas d’infection et un tiers des décès liés au coronavirus sont des participants à cette congrégation ou bien leurs proches. Et l’on pourrait encore aligner beaucoup d’autres exemples, tout aussi édifiants.
L’auteur de cette lettre ne bouffe pas du curé à tous les repas (ni de l’imam ni du rabbin). Quoique mécréant, il respecte la religion, souvent source de dévouement et d’altruisme. Il se garde de crier «croa, croa !» quand il croise un prêtre, comme on le faisait au temps du petit père Combes. Aussi bien, les églises dans l’épreuve de la pandémie font en général preuve de civisme et appellent à observer les règles édictées par les gouvernements. Ces précautions étant prises, il faut bien admettre que la religion ne joue pas toujours un rôle positif dans cette pandémie, en tout cas dans la version intégriste, qui ajoute à la pathologie des corps une pathologie de l’esprit. Partout, c’est le même raisonnement qui est tenu : s’il y a peu de malades, on rend grâce à Dieu pour la protection qu’il accorde aux croyants ; s’il y en a beaucoup, on explique le fléau par la colère du même Dieu devant le comportement impie de la population concernée.
A tous ceux-là, on conseille la lecture de ces vers, tirés d’un célèbre poème de Voltaire, écrit après le tremblement de terre de Lisbonne, que les autorités religieuses de l’époque attribuaient elles aussi à l’impiété des habitants de la ville, tout en glorifiant envers et contre tout l’infinie sagesse du seigneur, dont les voies sont effectivement impénétrables.
«Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l’horreur des tourments leurs lamentables jours !
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous : « C’est l’effet des éternelles lois
Qui d’un Dieu libre et bon nécessitent le choix ? »
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
« Dieu s’est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes ? »
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
LAURENT JOFFRIN

 

 

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