A l’époque de l’empereur Constantin Lucifer se trouva face à une difficulté. Son problème était que le message de Jésus de Nazareth se répandait de manière irrésistible, des gens de tous horizons se tournaient vers l’évangile et accordaient de moins en moins de crédit aux illusions qu’il dispensait… il dit à ses meilleurs conseillers :
« Mes chers démons nous avons un problème : de plus en plus de personne sont libérés des illusions dans lesquelles nous les tenions. Je vous laisse 48 heures pour y réfléchir et me proposer une stratégie pour qu’ils retournent dans l’aveuglement. »
48 heures plus tard ils se réunissent à nouveau et un démon lève la main : « Je propose que nous disions aux humains que le bien n’existe pas. Tout cela dépend de l’opinion de chacun, tout est relatif agissez comme vous l’entendez » Un autre démon lève la main et dit : « Nous devrions dire aux gens que le mal n’existe pas, chacun devrait décider par lui-même si ce qu’il fait est mal ou pas, la confusion et le chaos régneront et ainsi nous reviendrons à la normale ». Satan sourit et dit : « J’aime bien ça, idée à creuser… »
Un troisième démon lève la main et d’une petite voix leur dit : « Le meilleur moyen de les aveugler serait de leur dire : rien ne presse, on s’en occupera plus tard. »
Satan ferme les yeux pensif et lui dit : « Mon ami ta ruse est de loin la meilleure, nous leur dirons qu’ils ont tout leur temps pour rendre le monde meilleur. »
Franchement, n’avons-nous pas un problème avec la procrastination ? Un art qui consiste à remettre à demain ce que je peux faire aujourd’hui… je finis un truc et je m’y mets ? Il y a un jour de la procrastination c’est le 25 mars, c’est donc un problème pour pas mal de gens et depuis longtemps. Ma définition préférée est celle-ci : « La procrastination c’est comme une carte de crédit : on s’amuse beaucoup jusqu’au moment où on reçoit la facture. »
Dans la vie de foi ce n’est pas bien différent. On se dit à soi-même : « J’ai bien assez de temps pour faire ce que Jésus me demande. Quand j’aurai bouclé ce projet, quand je serai en retraite j’aurai tout mon temps pour faire du bénévolat, pour passer plus de temps avec mes enfants, mes petits-enfants ou mon conjoint. Je vais me libérer de mes addictions et mauvaises habitudes, m’occuper de ma santé et être plus disponible pour mon voisin…. un jour, quand j’en aurai le temps…
Beaucoup d’entre nous remettent Jésus à demain, et pour une raison étrange ce demain là n’arrive jamais.
Dans de nombreuses Eglises l’entrée en Carême est l’occasion de réentendre le premier chapitre de l’Evangile de Marc:
Alors, Jésus vint de Nazareth, localité de Galilée, et Jean le baptisa dans le Jourdain. Au moment où Jésus sortait de l’eau, il vit le ciel s’ouvrir et l’Esprit Saint descendre sur lui comme une colombe. Et une voix se fit entendre du ciel : « Tu es mon Fils bien-aimé ; je mets en toi toute ma joie . » Tout de suite après, l’Esprit le poussa dans le désert. Jésus y resta pendant quarante jours et il fut tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient.Après que Jean eut été mis en prison , Jésus se rendit en Galilée ; il y proclamait la Bonne Nouvelle venant de Dieu. « Le moment fixé est arrivé, disait-il, car le Royaume de Dieu s’est approché ! Changez et croyez la Bonne Nouvelle ! »
Je ne suis pas un expert en grec biblique, mais j’ai repéré deux mots qui reviennent constamment — Kay Eutus –, immédiatement.
Immédiatement Jésus descend dans l’eau, immédiatement il voit l’esprit descendre sur lui et immédiatement il est conduit dans le désert pour y être immédiatement tenté.
Marc utilise ces deux petits mots que nous traduisons par « immédiatement » 47 fois dans son court évangile. C’est plus que dans tout le reste du Nouveau Testament combiné. Ce n’est pas fortuit, Marc veut que nous saisissions qu’il y a urgence à agir.
Ce Dieu qui envoie Jésus en mission nous demande d’être une bénédiction pour ceux autour de nous. Pas demain, pas plus tard, pas un de ces jour mais immédiatement.
La tentation de ma vie a été la procrastination. En confinant Jésus dans le futur je pouvais l’ignorer dans mon aujourd’hui. Un Jésus confiné dans l’avenir ne peut libérer l’action de l’Esprit dans le présent.
Marc nous le dit sur tous les tons : L’Esprit m’entraîne à sa suite pour être bénédiction pour mon prochain avec mes humbles moyens aujourd’hui, tout de suite — immédiatement–.
Richard Falo
Photo: Pedro da silva @unsplatch
un article très intéressant et bien construit.
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Je n’ai pas procrastiné pour lire ce blog secouant, très bien senti, Dieu merci. Et pourtant la tentation aurait pu être de remettre la lecture de ce long document à plus tard, procrastiner aussi ainsi!
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