Jean-Baptiste

« Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas, qui vient après moi et de qui je ne suis pas digne de dénouer les sandales, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »  Jean. 1 : 27 

Les gens qui se présentent comme porteurs d’un message de Dieu suscitent –avec raison– une méfiance justifiée.  Quand par curiosité, fascination ou amusement on permet à quelqu’un de nous dire : « Le Seigneur m’a dit ceci et cela… » mieux vaut activer nos radars « sens critique ». 

Doit-on toujours se méfier de ceux qui prétendent parler pour Dieu ? Pas toujours. Alexandre Soljenitsyne ancrait sa détermination de lanceur d’alerte dans sa foi.  Comme Jean-Baptiste, Soljenitsyne fut façonné au creuset de la survie et il était la voix de Dieu.

Les vents sibériens sont aussi violents que ceux du désert du Moyen-Orient dans lequel tentait de survivre Jean-Baptiste. 

Soljenitsyne comme le Baptiste vivaient dans des lieux où la vie ne tient qu’à un fil.

L’un comme l’autre se considéraient comme porteurs d’un message divin pour une société qu’ils considéraient fatiguée, ayant perdu ses valeurs fondamentales et pour tout dire à la dérive.  

Jean-Baptiste, pour avoir dénoncé un régime corrompu, finira par s’agenouiller dans la crasse du cachot d’Hérode pour qu’on lui coupe la tête. Comme quoi le pouvoir n’a pas fini de tourner la tête des dirigeants aux yeux béats quand ils réalisent qu’ils sont en haut de l’échelle…  

Jean le Baptiste aurait sombré dans les oubliettes de l’histoire si Jésus n’avait reconnu sa ténacité, détermination et courage. « Je vous le dis parmi ceux qui sont nés de femmes, nul n’est plus grand que Jean ; pourtant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand. »

Venant de la bouche de Jésus c’est à méditer.

Jésus considère que Jean-Baptiste est l’archétype de la femme ou de l’homme parfait. 

Sa qualité première est l’ humilité. Jean est tourné entièrement vers un autre que lui-même. A peine apparu sur la scène publique il insiste sur le fait qu’il n’est que le précurseur de celui qui s’apprête à faire son entrée sur la scène publique.

Alors que sa notoriété est à son apogée, Jean, conscient de ses limites, ne montre rien de moins qu’une sublime noblesse lorsqu’il oriente deux de ses disciples vers Jésus. Rien ne saurait être plus généreux et désintéressé que sa déclaration en référence à Jésus : « Il doit augmenter et je dois diminuer. »

Ces sept mots sortis de sa bouche suffisent à le différencier de ces manipulateurs qui aiment claironner alentour leur propre pouvoir, connaissances et « How to ».

Nous n’entendons pas un mot de ressentiment chez Jean lorsque les foules se détournent de lui pour suivre Jésus. 

Deuxième qualité : le courage.  Il fait preuve d’un courage extraordinaire quand il ne craint pas de dénoncer la violence d’Hérode. On ne peut ne pas penser aux lanceurs d’alerte de notre époque que sont les Assange, Snowden et mouvement Me Too qui avec le même courage et détermination dénoncent les magouilles de la NSA ou le sexisme rampant, goujateries graveleuses et autres violences faites aux femmes dans nos propres sociétés soit disant évoluées et égalitaires. 

Troisième qualité : Son humanité. L’humanité de Jean se révèle alors qu’il est assailli de doutes et de crises d’angoisse lors de cet effroyable emprisonnement dans la prison d’Hérode.  En lutte avec cette foi qui l’a soutenu sa vie durant Jean parvient à faire passer un message à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Ce qui est bouleversant dans cette question, c’est cette supplique mêlée d’espérance.

Alors que le Baptiste dénonce les dérives de la société à laquelle il appartient nous réalisons à quel point il est l’être humain unique que Jésus remarque. En tant que suppliquant et espérant il m’est si proche…

Il se peut que pour nous le Baptiste ne soit que le précurseur de Jésus selon l’agenda historico-théologique de l’Eglise. Mais ne nous y trompons pas : Jean le Baptiste est loin de n’être que la première partie d’un concert dont Jésus serait la star qui apparait sur l’affiche.

S’il apporte un style musical –pour filer la métaphore– Jean joue celui de son humanité, de son courage, de sa noblesse d’esprit et de son humilité.

Au fond il n’est pas étonnant que Jésus l’ait désigné pour décrire l’homme ou la femme idéale. 

En tant que père et sur une note plus personnelle je me demande si quelqu’un a jamais dit à Jean le Baptiste ce que son père Zacharie lui avait dit alors qu’il n’était qu’un nourrisson :

« Tu iras devant le Seigneur pour préparer ses voies de justice. »

Zacharie a-t-il un jour réalisé que son fils – ou fille selon les aléas intra-utérins- deviendrait une personne qui vivrait avec une intensité telle qu’elle nous préparerait à celui qui vivrait parfaitement ?

Richard Falo

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