L’Etrange cortège qui entre dans Jérusalem

De celui des majorettes de mon enfance aux défilés patriotiques aux gay-prides, les cortèges ponctuent nos existences. Les cortèges nous replongeaient dans l’esprit des fêtes populaires et de l’enfance. J’en parle au passé car tout cela pour un temps, comme bien d’autres choses, est mis entre parenthèses…

Dans l’Évangile de ce jour nous sommes invités à un autre cortège : celui de Jésus qui entre dans Jérusalem. 

« Ils amenèrent l’ânon à Jésus ; ils posèrent leurs manteaux sur l’animal, et Jésus s’assit dessus. Beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, et d’autres y mirent des branches vertes qu’ils avaient coupées dans la campagne. Ceux qui marchaient devant Jésus et ceux qui le suivaient criaient : « Gloire à Dieu ! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur ! Que Dieu bénisse le royaume qui vient, le royaume de David notre père ! Gloire à Dieu dans les cieux. » Jésus entra dans Jérusalem et se rendit dans le temple. » 

Marc 11 :7-11

Le cortège de Jésus n’était pas l’unique cortège du jour. Chaque année pour la Pâque, les pèlerins affluaient à Jérusalem et commémoraient la sortie d’Égypte. Le peuple juif célébrait sa libération de cet empire égyptien qui les avait tant opprimés. Les Romains savaient tout cela et pour prévenir toute envie d’insurrection le gouverneur romain de Judée viendrait à Jérusalem s’assurer que ce souvenir ne nourrisse un sentiment de révolte. 

Et c’est ainsi que Pilate quittant Césarée sur la côte depuis l’Ouest entra dans Jérusalem par la grande porte occidentale, monté sur un magnifique cheval de combat, la troupe marchant derrière lui. 

Chacun pouvait comprendre que la Pâque ne se déroulerait qu’avec l’accord et la présence des Romains.

Du côté Est de la ville, un autre cortège arrivait, celui de Jésus monté sur un ânon entouré d’une foule d’adeptes qui l’acclamaient: « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le royaume à venir ! « 

Pilate en armure entre à cheval par la grande porte de la ville ; Jésus monté sur un petit âne passe l’humble porte orientale. Le premier incarnait la puissance militaire, le second l’espoir des petites gens qui plaçaient en ce prophète de campagne leur confiance.  

L’entrée de Jésus dans la ville sainte marque la confrontation entre le royaume de Dieu et le royaume de César.

En quittant Jéricho pour Jérusalem Jésus avait rendu la vue à l’aveugle Bartimée. Marc nous dit que Bartimée l’ayant suivi fait partie du cortège. Il est le représentant de ceux qui étaient aveugles et qui commencent à voir la réalité pour ce qu’elle est. Comme tous ceux qui se retrouvent bon grés mal grés dans le cortège disparate de Jésus nous le suivrons dans la chambre haute alors qu’il parle de trahison, nous l’accompagnerons dans le jardin de Gethsémané où il va implorer son père et plaider pour sa vie. Nous assisterons à son arrestation alors qu’il est arrêté, nous le suivrons jusqu’au procès alors que les cris d’Hosannas sont étouffés par les cris de « Crucifie-le !»

Jésus nous parle d’un Dieu dont la puissance réside non dans la force, mais dans la fragilité de l’amour.  Il entre dans la ville sainte monté sur un âne en lieu de cheval de guerre. Sa victoire ne se trouve pas sur le champ de bataille mais dans la tombe vide.

 Ce cortège présente de curieuses ressemblances avec ce que nous vivons depuis le début de la pandémie. Des commerçants, des restaurateurs, des artistes, des aînés qui se sentent trahis ou abandonnés, des puissants qui semblent toujours tirer leur épingle du jeu alors que d’autres se retrouvent sans travail…   Nous avons traversé une année étrange où occasions de fête et de rencontres ont été reportés ou annulés. Nous avons été submergés par la peur et la courbe des infections, par la souffrance et la mort. Nous en sommes venus à reconnaître à quel point notre vie est fragile et à risque de basculer. 

Le dimanche des Rameaux nous rappelle que le désespoir et l’espoir ne sont jamais très éloignés l’un de l’autre. Nous désespérons parfois quand nos vies se brisent, et nous reprenons confiance auprès de celui qui voyage à nos côtés. Celui qui nous entraîne dans cet étrange cortège.

« Hosanna… Sauve-nous !  » prions-nous puis ramassant nos pauvres manteaux et nos croix nous emboîtons les pas de l’humble Jésus. Il a déjà emprunté cette route avant nous et sait comment nous conduire dans cet entre-deux de la douleur à la joie, de la souffrance au salut, de la mort à la vie véritable.

Richard Falo

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