Certaines rencontres laissent une empreinte inoubliable, je me rappelle avoir rencontré un tigre préhistorique dont les crocs surdimensionnés faisaient 20 centimètres de long. C’était au musée ethnographique de Toulouse que nous visitions en famille avec les enfants. Le monstre était mort évidemment mais son squelette et ces énormes crocs qui imposaient le respect témoignait de son existence il y a de cela des millénaires.
C’était un moment intense que nous partagions en famille. La rencontre de Jésus avec ses apôtres, le soir de Pâques, est de ce type. Jésus s’offre lui-même aux disciples médusés. Il les invite à le voir et surtout à le toucher :
« Ils parlaient encore, quand Jésus lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit : « La paix soit avec vous x ! » Ils furent saisis de crainte, et même de terreur, car ils croyaient voir un fantôme. Mais Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés ? Pourquoi avez-vous ces doutes dans vos coeurs ? 3Regardez mes mains et mes pieds : c'est bien moi ! Touchez-moi et voyez, car un fantôme n'a ni chair ni os, contrairement à moi, comme vous pouvez le constater. » Il dit ces mots et leur montra ses mains et ses pieds . Comme ils ne pouvaient pas encore croire, tellement ils étaient remplis de joie et d'étonnement, il leur demanda : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui donnèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Puis il leur dit : « Quand j'étais encore avec vous, voici ce que je vous ai déclaré : ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les livres des Prophètes et dans les Psaumes, tout cela devait se réaliser. » Alors il leur ouvrit l'intelligence pour qu'ils comprennent les Écritures, et il leur dit : « Voici ce qui est écrit : le Messie doit souffrir, puis se relever d'entre les morts le troisième jour et il faut que l'on prêche en son nom devant toutes les nations, en commençant par Jérusalem ; on appellera les humains à changer de comportement a et à recevoir le pardon des péchés. Vous êtes témoins de tout cela. Luc 24 : 35-48
Les blessures aux mains et aux pieds sont bien là, mais Luc ne les mentionne pas. Il semble que le but de Jésus ici est de se concentrer sur ce qui prouve qu’il est réel, qu’il a un corps humain semblable au nôtre. C’est pour cette raison qu’il leur demande de manger avec lui pour une simple raison : les fantômes ne mangent pas. Pour manger il faut des dents, et les dents ne disparaissent pas avec les chairs qui se décomposent après la mort. Le Jésus ressuscité possède des dents et un squelette.
La robe typique du Moyen-Orient pour les hommes était une longue tunique qui aurait couvert tout son corps sauf ses pieds et ses mains, deux parties du corps dont la structure osseuse est clairement discernable. Je suppose que si les fantômes existent ils pourraient bien avoir des blessures aux mains et aux pieds mais des dents et des os certainement pas. Ceux-ci appartiennent à de vraies personnes. Jésus veut que les disciples puissent le saisir, le sentir, le toucher.
Cette mystérieuse résurrection de Jésus ne se déroule pas seulement dans nos têtes ou dans nos cœurs ou nos imaginations. Elle prend la forme d’une personne réelle qui a des dents et des os, le Christ ressuscité.
La preuve de la résurrection de Jésus est-elle irréfutable ? Au sens scientifique non, nous ne disposons pas de traces d’ADN qui lèveraient toute incertitude. Cependant, les réactions des disciples parlent. Au début, ils sont surpris et même terrifiés, Jésus le mentionne… puis un sentiment de joie se fait jour mais ils restent circonspects. Même après avoir partagé le poisson grillé, il n’est pas dit qu’ils ont été persuadés. En fait, nulle part dans cette histoire il n’est fait mention de leur foi, ou du fait qu’ils ont surmonté leurs doutes.
Peu importe. Jésus explique calmement comment la crucifixion et la résurrection faisaient partie du plan de Dieu révélé dans les Écritures. Puis, dans ce qui est peut-être la plus grande surprise de tout cet épisode : il les enrôle dans cette mission qui consiste à témoigner de ceci : Jésus a souffert, est mort et est ressuscité pour que le pardon des péchés soit annoncé et suivi d’actes c’est-à-dire en se détournant des comportements qui détruisent mon prochain et la planète.
Jésus ne contraint personne à croire, et il n’exclut pas ceux qui ne le peuvent pas ou ne le font pas. Il se présente simplement de manière aimante cherchant à rassurer. Qu’elles que soient les conclusions qu’ils tireront de la présence de Jésus devant eux, les disciples seront témoins de ce qu’ils ont vu et entendu. Qu’elles que soient leurs conclusions à propos des promesses et prophéties révélées dans les Écritures, ils ne peuvent pas ne pas voir le Christ ressuscité en chair et en os… et surtout en os devant eux. Ils sont témoins.
Permettez-moi de suggérer que c’est l’une des meilleures descriptions de la mission de l’Église : être témoins de cette histoire.
En fin de compte, c’est vraiment ce que nous sommes : des enfants de Dieu aux yeux écarquillés comme ceux de mes enfants au musée de Toulouse devant le tigre préhistorique.
Nous parviendrons à nos propres conclusions sur la vérité mystérieuse et historique du Jésus ressuscité, mais nous ne pouvons pas ne pas voir le résultat du témoignage des disciples. Nous sommes témoins de ces choses. De même, nous pouvons ressentir un certain nombre d’émotions autour de cette table autour de laquelle le Seigneur nous rassemble et à propos de la nourriture spirituelle que nous y recevons.
Tout comme les disciples qui resteront soudés après cette expérience, nous ne pouvons pas être désassemblés maintenant, et nous ne pouvons pas être dénutris de cette nourriture spirituelle.
Nous sommes à notre tour témoins de ces choses.
Richard Falo